Écrire la danse, est-ce l’interdire ?

(ou comment limiter la danse et ses « art funestes conséquences »)

La danse qui exprime la joie, comme elle est belle, et louable ! D’ailleurs, les mariages ne peuvent s’en passer. Elle pose néanmoins problème du point de vue des autorités protestantes, catholiques ou laïques car elle distrait de la foi, et entraîne les danseurs à des conduites taboues : boisson, séduction, sexualité. Sans parler des conséquences longtemps prises pour funestes, comme les grossesses hors mariage. Ainsi, pour pallier les problèmes qui pourraient découler de la danse, les Églises et les États associent leurs efforts. Les premières produisent des pamphlets, les seconds des textes de loi. En conséquence, depuis la chaire ou le tribunal, de Genève à Martigny, dès le XVIe siècle, il est arrivé d’être condamné pour avoir trop dansé. Et toujours dans les années 2012, les cantons de Neuchâtel ou de Schaffhouse, notamment pendant certaines fêtes religieuses, proscrivent l’usage de la danse. En somme, sur le territoire helvétique, le jeu des corps fait peur. Il convient donc de le contenir. Et danser est envisageable, mais pour autant que cela se fasse dans le respect de l’ordre moral et social. Ainsi, écrire la danse, c’est avant tout la limiter voire la proscrire. Cela dit, des images et des témoignages divers de carnavals ou d’autres fêtes dansées sont détenues dans les lieux de conservation. Certes, ces documents ne témoignent pas toujours de réalités locales. Néanmoins, ils démontrent que les interdictions et les limitations de la danse n’ont jamais tout à fait empêché de la pratiquer... ou de l’inscrire dans les imaginaires.