La lithographie intitulée Symphonie fantastique se réfère très probablement au deuxième mouvement d’une œuvre du même nom, écrite par Berlioz, en 1869. Et les deux oeuvres semblent raconter une seule et même chose : l’impossibilité, pour l’artiste, de se mêler au « tumulte d’une fête ».
Dans la lithographie, la fête apparait au troisième plan de l’image. Elle est représentée par une foule qui danse sous la lueur aveuglante d’un immense lustre. La fête rend la foule compacte, inaccessible, anonyme. À en croire l’entassement des corps sur l’image, à observer ces bras qui enserrent ces cavalières, et à écouter la musique de Berlioz, cette foule semble animée par une valse.
L’artiste est au deuxième plan de l’image. Face au spectateur, il se refuse à la foule. On ne sait s’il est le peintre ou le compositeur. Et pour cause : tous deux ont une coiffure presque semblable. En quoi se rejoignent-ils ?
Enfin, au premier plan, on voit l’admirable dos d’une femme. Plus mobile que la foule, plus expressif que le visage de l’artiste, ce dos parle du désir de danser mais uniquement au spectateur de la scène — qui en est exclus, comme de la valse. Et la femme, et l’artiste ? Leurs regards ne semblent pas se croiser. Pire : l’homme, bras replié, semble vouloir se dérober autant à la femme qu’à la danse à laquelle il aurait pu l'inviter.