Noter la complexité

Leeder, Sigurd, Notation de Danse macabre, 1980 © Droits réservés, SAPA, Fonds Sigurd Leeder
Leeder, Sigurd, Notation de Danse macabre, 1980 © Droits réservés, SAPA, Fonds Sigurd Leeder

La notation de la danse évoque une pensée de la danse. Et leur conception graphique, géométrique, traduit une rigueur qui n’a rien à envier aux mathématiques.

La notation de la danse raconte par ailleurs une volonté de normer, de rigidifier, de raisonner la danse. Et en ce sens elle n’échappe pas aux dérapages du temps. C’est en tous les cas ce que soutient Laure Guilbert dans son livre Danser avec le IIIe Reich, Les danseurs modernes sous le nazisme (Paris, Éditions complexes, 2000).

Laure Guilbert explique : « […] l’ouverture du Bureau de notation au terme de l’année 1935, et la création du Reichsbund for Gemeinschafttanz en juin 1936, donnent une nouvelle impulsion aux recherches labaniennes sur la culture festive. La décennie précédente, consacrée à l’élaboration de la cinématographie, trouve son aboutissement dans le cadre des préparatifs olympiques, avec la mise en scène, en juin 1936, du jeu choral, Vent de rosée et nouvelle joie (Vom Tauwind und der neuen Freude). […] Rudolf von Laban renoue à cette occasion avec ses idées initiales de “maison kilométrique”, où “des milliers et des milliers peuvent participer de façon vivante à la joie du mouvement et ressentir les bienfaits de la vibration” » (p. 223). La chercheuse en danse cite par ailleurs Rudolph von Laban ; il affirme que la danse moderne « a une mission particulièrement déterminante à jouer dans le rythme de vie du Troisième Reich » (p. 225). Ainsi, ce serait non seulement l’artiste, mais aussi toute son entreprise d’analyse du mouvement par l’écriture qui serait compromise.