Les amours dansants forment une figure fréquente de l’iconographie italienne. Cette figure est ici déclinée avec inventivité, et presque fureur.
Tandis que deux anges musiciens sonnent l’air à l’aide d’un violon et d’une trompe, d’autres forment une chaîne en se tenant par la main. Il y a néammoins quelque chose de déchaîné dans le mouvement de leurs corps. Les enfants ne semblent pas suivre tous une même direction, et ne se meuvent pas régulièrement, bien au contraire. Certains se penchent, d’autres lèvent les yeux au ciel. Bien entendu, puisque ce sont aussi des anges, ou des amours, ou les deux, ils ne se soucient pas de décence.
Si cette image réjouit par son énergie, elle inquiète cependant aussi un peu. Quel est le monde évoqué, le paradis, ou l’enfer ; le monde des vivants ou des morts ; celui des hommes ou des dieux ? Et s'il s'agit de dieux, qui sont-ils donc pour être habités par la maladie de danser au point que les regards se perdent ? Dans ce monde étrange où se meuvent ces corps charnels — ou ces âmes innocentes —, tout bouge, tout branle et tremble.
Si d’un côté la représentation d’une danse menée librement et uniquement par des enfants semble appartenir à un monde parallèle, d’un autre, il a existé toutes sortes de formes de danse d’enfants tout à fait maîtrisées. Le carnet de bal du fonds Martin de Tulette maintenu aux Archives d’Etat de Genève témoigne d’un bal d’enfants tandis que d’autres sources renseignent la transmission de la danse comme sa pratique dans l’école romande du XIXe siècle.