Certes, à en croire certaines affiches maintenues dans les institutions genevoises de conservation, la pratique du bal est étroitement liée à des enjeux financiers dès lors qu’elle est ouverte au grand public. Dans le cas du Grand bal travesti/transmental, il semble que ce soient les artistes qui voulaient faire une forme de levée de fonds. Cela dit, l’affiche du Grand bal travesti/transmental semble avant tout se référer à un événement artistique un peu dada qui s’est déroulé à Paris — et qui pourrait bien avoir eu ses équivalents genevois.
Le quotidien parisien Le temps, dans son édition du 2 mars 1923, laisse penser que l’événement avait été plutôt réussi. Il le relate en ces termes : « On avoue très volontiers que les Russes avaient décoré vendredi la salle de Bullier avec une fantaisie flamboyante et débridée, pour un bal travesti, et, disaient-ils, transmental : j’imagine que cette dernière épithète signifie tout bêtement “fou”. Le bal de Bullier a été très honnêtement transmental et, de surcroît, très amusant. Tous les pays de la terre, jusqu’au lointain Cipango, dont l’envoyé extraordinaire était le bon peintre Fujita, nu et peint par tout le corps, ainsi qu’une de ses toiles, de bleu pâle et de blanc lunaire, toutes les époques de la nature y étaient représentées. » Avec un tel événement, on voit que le bal peut se faire spectacle expérimental ; tandis que parallèlement, le danseur se confond avec l’artiste. Mais l’artiste pour autant danse-t-il toujours ?